“J’AI RENCONTRÉ L’AMOUR EN VOYAGE" : GLADYS NOUS RACONTE.

deux personnes face au désert de sel

Lors de mon voyage en Amérique en Sud en 2017, j’ai fais de nombreuses rencontres. Certaines m’ont marquée plus que d’autres. Quelque-unes m’ont touchée.

C’est le cas de ma rencontre avec Gladys. Cette jeune infirmière, française, de 24 ans à l’époque, m’avait captivée par son naturel et sa légèreté. Là où beaucoup à son âge, réfléchissent à l’achat d’un futur sac à main et au nouveau mascara Waterproof qui fait fureur, elle, n’est que dans le moment présent. Queue de cheval, sweat à capuche, elle est là au naturel, avec un visage détendue, et elle me raconte. Elle me raconte le début de son voyage, comment, pourquoi, et sa rencontre avec Matthieu. On est alors en Bolivie.

Gladys a réalisé un rêve, celui d’un voyage longue durée, et elle est rentrée… avec l’amour de sa vie… Elle nous raconte.

JE L’AI QUESTIONNÉE, ELLE S’EST CONFIÉE

  • Bonjour Gladys, peux-tu commencer par te présenter ?

    Bonjour, je suis Gladys, j’ai 26 ans, je suis une humaine qui aime la vie.

  • Je sais que tu as fait un long voyage. Combien de temps as-tu voyagé ?

    J’ai voyagé 7 mois en tout. 3 mois, puis 4 mois, avec une pause d’un mois et demi en France entre les deux.

  • Combien de pays as-tu traversé ?

    J’ai traversé 6 pays : Etats-Unis, Argentine, Chili, Bolivie, Mexique et Cuba.

  • Qu’est ce qui t’as donné envie de voyager sur une si longue durée ?

    A la base, je partais pour un voyage de 3 mois, le second voyage n’était pas prévu. Avant de partir pour les 3 mois, j’avais ce besoin vital de découvrir qui j’étais réellement, et de l’exprimer. Je devais abandonner celle que les autres croyaient que j’étais depuis mon enfance. J’avais une sensation d’étouffement. Souvent les humains définissent une personne globale selon un seul trait de caractère, une seule caractéristique, cela leur suffit à définir ce que nous sommes. Ce ne sont que des projections des autres sur nous, que nous allons croire, qui nous empêchent d’être qui nous sommes vraiment, et qui nous empêchent d’être heureux.

  • Quels étaient tes freins avant de partir ?

    Ce besoin de partir était tellement essentiel, que je n’avais pas vraiment de freins. quoi qu’on me dise je partirais. Je suis du genre à écouter mes besoins, à avoir confiance en la vie, à ne pas penser au négatif. C’est plutôt mon entourage qui a tenté de m’en mettre, ou plutôt qui m’a averti des risques. Mais je savais que c’était le chemin à suivre, et que par conséquent, rien de négatif n’arriverait ! 

  • Comment les as-tu levé ?

    Grâce à ma confiance en la vie (Dalai-Lama sort de ce corps !)

  • J’aimerais maintenant que tu me parles de ta plus belle rencontre de voyage  …

    Oh, tu sais j’aime pas trop les gens, je préfère rester seule sous mon plaid devant Dawson ! nooooon of course Matthieu ! Le français rencontré aux Etats Unis que j’ai rejoins en Argentine et avec qui je vis maintenant à Lyon (là tu peux lancer le générique des feux de l’amour ahahah) 

  • Comment vous êtes-vous rencontrés ?

    Dans ma période pré-voyage, je ne savais pas avec qui partir donc je suis allée sur un groupe Facebook de voyageurs. Deux québécois mettaient une annonce :

    « On part trois mois traverser les Etats-Unis en camping-car, si l’aventure te tente, écris nous ».

    J’ai convaincu ma meilleur amie de les rejoindre avec moi, et en parallèle Matthieu (que je ne connaissais donc pas à l’époque) avait aussi répondu à cette annonce, et les rejoignait avec Manon et Thibault, deux amis à lui. Tous les trois étaient lyonnais. Il y avait donc trois groupes, les deux québécois, les trois français inconnus, et ma copine et moi. Oui oui nous étions bien 7 dans un camping-car !

  • Votre rencontre a-t-elle été un coup de foudre ?

    Pas du tout. Je ne partais pas dans l’optique de débuter une histoire dans ce voyage, c’était uniquement une quête de moi même, et de sens de la vie. Puis avant de partir, je pensais n’être attirée que par des grands bruns aux yeux marrons, ténébreux, là encore c’était une croyance (stupide quand on y pense), Matthieu étant petit, blond, aux yeux bleus, je te laisse faire la conclusion…

  • Qu’est-ce que tu t’es dit la première fois que tu as posé les yeux sur lui ?

    « Il a l’air sympa ce type » LOL

  • La première fois que tu as échangé quelques mots avec lui ?

    « Il est sympa ce type »

  • La première fois que tu as ris avec lui ?

    « Vraiment sympa ce t… » non plus sérieusement je me suis dis qu’on passerait un bon voyage, qu’il était interessant, qu’il apporterait beaucoup au groupe, qu’on passerait beaucoup de bons moments ensembles, mais je ne pensais pas une seconde que je le rejoindrais à l’autre bout du monde pour voyager seule avec lui ! 

  • Et parle moi de ce moment où tu t’es dit que tu n’avais pas envie de faire sans lui… A quel moment tu t’es dit que tu ne voulais pas le quitter ?

    C’est à la fin du voyage aux Etats-Unis que nous nous sommes mis ensembles. Moi je partais pour 3 mois, lui pour beaucoup plus, je devais retourner en France, lui en Amérique du sud avec ces deux amis.

    Evidement dans ce contexte, toujours ensemble, les sentiments s’intensifiaient, nous partagions une expérience incroyable, tellement riche. J’aimais les nombreux moments passés ensemble, j’aimais celle que j’étais quand j’étais avec lui, je ne voulais pas que ça s’arrête. Quelques semaines avant notre séparation, nous parlions déjà de nos retrouvailles en Amérique du Sud. 

  • Quelle était ta situation amoureuse avant de partir ?

    Question suivante s’il te plait ? euh… j’étais en couple depuis 3 ans. Mon copain de l’époque vivait très mal ce départ, mais il était vital pour moi, je ne pouvais pas continuer cette vie. Pourtant elle était très confortable. Je n’avait pas conscience avant le voyage qu’il faisait partie des choses que je devais quitter pour être pleinement moi même. 

  • Est-ce que tu t’attendais à rencontrer l’amour en voyage ?

    C’était la dernière chose que j’attendais.

  • Est-ce que tu espérais rencontrer l’amour en voyage ? 

    Je n’y pensais pas. Je pensais que ce voyage éclaircirait mes envies quant à ma première relation, soit je continuerais soit j’arrêterais, mais c’est tout, ma réflexion s’arrêtait là.

  • Est-ce ton programme, itinéraire a été différent du fait de votre rencontre ?

    Je partais juste pour 3 mois aux Etats-Unis. Je suis repartie ensuite pour 4 mois en Amérique du Sud et Centrale !

  • Dans quelle mesure votre rencontre a remis en question les futures étapes de vos voyages respectifs ?

    Moi je rentrais en France, lui continuait à explorer avec ces amis. Puis nous avons décidé de continuer le voyage à 2. C’était une lourde décision, moi je partais pour une durée indéterminée rejoindre un mec en Argentine, un mec que je ne connaissais que depuis 3 mois, avec qui j’avais partagé un camping-car avec 5 autres personnes. Lui laissait ses amis continuer le voyage sans lui, chose qui n’était pas prévu au départ. Bien sûr ils s’étaient dit que si ils étaient amenés à se séparer pendant ce  voyage, ils écouteraient leurs envies. Mais c’est toujours délicat.  

  • Comment gérer des envies différentes face à plusieurs choix d’activités ou d’itinéraires ?

    Nous avions la chance d’être totalement sur la même longueur d’ondes. C’était une expérience unique dans la vie de chacun, nous avons fait preuve de beaucoup de respect. Chacun doit prendre en compte les désirs et les besoins de l’autre, personne ne doit se priver pour l’autre. Nous communiquions énormément, je pense que c’est la richesse de notre couple, c’était extrêmement rare les moments où nous n’étions pas d’accord. Et dans ces moments, nous discutions, pour que chacun trouve une solution. Si nos envies étaient divergentes, nous ne restions pas ensemble pour cette activité ou cet itinéraire, mais je crois que ça ne s’est jamais produit. Nous avons de la chance. 

  • Avez-vous à un moment pensé que votre rencontre amoureuse était uniquement liée à la magie du voyage ?

    Aux Etats-Unis, avant de se séparer, c’était la grande question. On se demandait si en se rejoignant, ça marcherait autant. Est-ce que nous prendrions le risque etc… Ce voyage aux Etats-Unis, c’était là où nous devions être, c’était notre place. Nous avions tout. Nous vivions avec le minimum vital, sans besoins superficiels crées par la société, nous étions libres. C’est une sensation tellement… délicieuse, tu découvres la richesse de la nature, de la vie, tu te découvres, tu es toi-même, tu es heureux. Il y avait une très bonne entente dans le groupe, c’était le bonheur. Tu vis la vraie vie. Alors forcément, on se disait que dans un autre contexte tout serait différent. 

  • Quel est votre plus beau souvenir de voyage commun ?

    Il y en a tellement. Quand j’ai pris les billets pour le rejoindre, quand nous nous sommes retrouvés à l’aéroport de Buenos Aires où il m’attendait, que rien n’avait changé. Quand nous étions ensemble devant des paysages incroyables à se dire que ce que nous vivions était extraordinaire, que nous avions tellement bien fait. Quand on avait la tourista lors de notre volontariat dans la forêt amazonnienne (hein Alexandra !). Nos discussions aussi …

  • Peux tu partager un moment inoubliable pour vous 2 …

    Quand pour mon anniversaire il m’a emmené voir les baleines en Argentine. C’était ouf, voila j’ai pas d’autres mots, c’était ouf …

  • Avez-vous via le voyage, développé des passions communes ?

    Nous avons développé des intérêts communs plus que des passions communes. Sans surprise, nous avons la même envie de découvrir le monde. Ce voyage nous a aussi fait prendre conscience de l’impact de l’Homme sur la planète, des catastrophes qu’il engendre, et de l’importance de préserver la nature telle que nous avons pu la découvrir. Depuis notre retour nous avons beaucoup de discussions sur l‘écologie, nous essayons de limiter notre impact au maximum, chacun apporte des réflexions à l’autre, c’est un sujet que l’on aime aborder ensemble. 

  • Comment avez-vous géré la jalousie en voyage ? Des anecdotes …

    Vous allez être déçus, je n’ai pas vraiment d’anecdote à ce sujet ! Je pense que dans une relation saine où il y a beaucoup de communication, il n’y a pas de jalousie. La jalousie arrive quand l’un a des soucis personnels à régler avec lui-même, des maux du passé qui impactent le présent, par exemple. J’aurais pu ressentir de la jalousie, mais ce voyage m’a libéré de beaucoup de choses. 

  • Pour toi c’est quoi être amoureux ?

    C’est péter au lit sous la couette (Matthieu me dicte cette réponse ahahah), voyez comme le voyage l’a inspiré ! Pour moi, être amoureux, c’est accepter l’autre, l’aimer pour ce qu’il est, le laisser libre, ne rien lui imposer, ne pas en faire sa propriété, se sentir plus riche, plus grand, plus heureux.

  • Le voyage t’a-t-il donné une autre vision de l’amour ?

    Oui. Je pense que j’ai découvert le vrai amour. Le respectueux, le bienveillant. Grâce à de nombreuses prises de conscience, et un long travail personnel effectué lors du voyage, je découvre ce qu’est être aimée pour ce que l’on est vraiment, et pas pour ce que l’autre veut que l’on soit. Ma vision actuelle est que nous sommes deux humains différents, indépendants, avec chacun un passé, des besoins, chacun vit sa vie, et elle ne doit pas dépendre de celle de quelqu’un d’autre. Chacun est là pour se réaliser, pour s’enrichir,  pas pour s’oublier, pas pour ne pas respecter ses valeurs. Pour être aimé par l’autre, pas pour dire oui, quand on pense non. La vie est belle et courte, c’est trop important d’être heureux dans une relation amoureuse. Je pense que le vrai amour c’est ça, laisser l’autre libre, l’aimer pour ce qu’il est, le respecter.

  • As-tu eu à choisir entre voyage et amour ?

    Non, rejoindre Matthieu en Argentine, c’était faire le choix des deux.

  • Comment avez-vous envisagé le retour ? Ensemble ou séparément ?

    À notre retour, le travail de Matthieu l’attendait à Lyon, moi j’avais quitté le mien avant de partir. Rien ne m’attendait donc nulle part. J’ai postulé dans plusieurs grande villes (Paris, Nantes, Lyon) afin que l’on se rejoigne facilement par le train, si je n’étais pas prise à Lyon. Nous voulions donc continuer notre relation.

  • Et finalement, comment avez-vous géré le retour ?

    Finalement, j’ai été prise rapidement à Lyon, et heureusement parce qu’après tant de mois en permanence ensemble, une relation à distance aurait été difficile. La vie est bien faite !

  • Qui vit où ?

    Nous vivons tous les deux à Lyon, mais pas ensemble. Chacun a son appartement. Nous sommes à 5 min en vélo l’un de l’autre ce qui nous permet de nous voir très souvent et facilement. Nous ne voulions pas vivre ensemble pour que chacun garde sa liberté, son autonomie, nous nous voyons quand nous en avons l’envie, de ce fait c’est toujours un plaisir. Pour moi c’est la meilleure solution pour qu’une relation dure. L’autonomie, la communication et le respect.

  • Des projets ?

    Nous comptons acheter un van au Canada et traverser le pays avec dans un an environ. On aimerait contribuer à un projet éco-responsable, puis découvrir, être libres dans notre van. Se réveiller seuls dans des paysages immenses… D’ici là, nous prévoyons de continuer à découvrir la France qui a beaucoup à offrir, et l’Europe.

  • Et des projets de voyages ?

    Ce sont les seuls types de projets que nous faisons ! Pour le reste, c’est au jour le jour, rien ne sert de prévoir

  • Veux-tu ajouter quelque chose ou évoquer un sujet autre sur l’amour en voyage, ou un message à passer à ceux qui te lisent ?

    Si vous lisez ceci, c’est que soit vous avez voyagé, soit que vous voulez voyager. Dans l’hypothèse numéro 2, si j’avais un truc à vous dire c’est : arrêtez de vous poser des questions, et agissez. Peut-être hésitez-vous, mais n’hésitez plus, la vie vous guide vers la voie qui vous rendra le plus heureux, regardez autour de vous, rien n’arrive par hasard, faites confiance à la vie, si vous ne faites pas le bon choix, la vie vous ouvrira un autre chemin !

    Allez j’arrête mon charabia, comme dirait Papy Jean Claude, « vous dormirez quand vous serrez mort, alors vivez ! »

    MERCI Alexandra d’avoir pensé à moi pour ce projet ! Je suis ravie de contribuer à la réalisation de ce rêve. Grâce à cette interview ( Je me la pète devant Matthieu quand je dis que je fais une « interview ») je me suis replongée dans ce voyage, j’ai repensé à des moments auxquels je n’avais plus songé depuis un moment, à la chance que j’ai eu de vivre ce voyage, de voir des paysages si merveilleux, dont certains avec toi Alexandra. J’ai vécu pleins d’émotions, de la nostalgie des instants passés, de la fierté d’avoir eu le courage de partir. Du bonheur de pouvoir répondre à ce questionnaire qui me rappelle que moi, Gladys, j’ai vécu ça, que c’est réel. Passer des heures à réfléchir, à écrire, me rappelle que la vie est belle, que je suis heureuse ! Merci de m’avoir refait vivre ce voyage, et de m’avoir fait revivre mon extraordinaire histoire avec Matthieu. Tout ça m’aura donné la pêche, et la motivation pour repartir, pour continuer d’être une femme autonome, courageuse, qui n’a peur de rien, qui est HEUREUSE ! Youhouuuuuuu la vie est belle <3

  • Merciiiiiiiiiiii

deux personnes assises dans le desert de sel

``Matthieu et Gladys au Désert de sel en Bolivie``

``Mon amie Laurie, Matthieu, Gladys et moi``

MERCI, SIMPLEMENT MERCI.

Gladys et moi (et d’autres camarades) avons eu la chance de parcourir le Salar d’Uyuni en 4×4, ensemble durant 4 jours. Nous avons marché sur le Désert de Sel en Bolivie et avons savouré le moment du lever du soleil côte à côte. L’un de mes meilleurs souvenirs de ces 6 mois passés en Amérique du Sud.

Merci Gladys d’avoir répondu présente et de t’être livrée ainsi.

J’ai ressenti beaucoup d’émotions en saisissant et relisant ce récit. Tu es merveilleuse et inspirante. Merci.

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